Caroline Monnet

Dans le cadre du #MainArtist de juin et de la Journée Nationale des Peuples Autochtones, Caroline Monnet offre son savoir en mots, sa générosité en esprit et sa résilience dans la danse. Dans son travail et ses mots, la résurgence coule à flots et nous attendons avec impatience de voir sa prochaine œuvre.

En plus de sa contribution à #MainArtist, Caroline s’est jointe à Main Film pour une résidence en Arts Autochtones soutenue par le Conseil des Arts de Montréal, pour son projet Pidikwe actuellement en post-production. Ce fut un honneur de collaborer avec toi Caroline.

Caroline Monnet (Anishinaabe/Française) est une artiste multidisciplinaire originaire de l’Outaouais, au Québec. Elle a étudié la sociologie et la communication à l’Université d’Ottawa, au Canada, et à l’Université de Grenade, en Espagne, avant d’entreprendre sa carrière dans les arts visuels et le cinéma. Elle a notamment présenté ses créations à l’événement Whitney Biennal à New York, à la Biennale d’art de Toronto, au musée KØS de Copenhague, au Musée d’art contemporain de Montréal, et au Musée des beaux-arts du Canada. Ses expositions individuelles incluent le Musée des beaux-arts de Montréal, le Musée Schirn de Francfort, Arsenal art contemporain à New York,  le Centre international d’art et du paysage de l’île de Vassivière (France) et le Art Museum de Toronto. Elle a participé à divers événements cinématographiques, comme le Festival international du film de Toronto, Sundance, Aesthetica (au Royaume-Uni), le Festival international du film de Palm Springs et le festival Göteborg. En 2016, la Cinéfondation du Festival de Cannes l’a sélectionnée pour une résidence d’artiste à Paris. Caroline a aussi des œuvres dans plusieurs collections permanentes en Amérique du Nord et à la maison de l’UNESCO, à Paris. Elle a reçu le prix Pierre-Ayot, la bourse Merata Mita du Festival Sundance, ainsi que le prix REVEAL des arts autochtones, finalement elle a été nommée compagne des arts et des lettres du Québec . Elle vit à Montréal/Mooniyang et est représentée par la galerie Blouin Division.

Démarche :
Caroline Monnet utilise les arts visuels et médiatiques pour manifester un intérêt profond à communiquer des idées complexes sur l’identité autochtone et la vie biculturelle en examinant des récits culturels. Son travail s’attaque à l’impact du colonialisme, en actualisant des systèmes dépassés avec des méthodologies anishinaabe. Elle est connue pour son travail minimaliste, bien que chargé d’émotions, qui utilise des matériaux industriels et combine les vocabulaires des cultures visuelles populaires et traditionnelles aux tropes de l’abstraction moderniste afin de créer des formes hybrides singulières.  Monnet est toujours en phase d’expérimentation et d’invention, tant pour elle-même que pour son travail.

Filmographie :
  • Pidikwe (post-production), installation vidéo, 2024
  • Bootlegger, long-métrage fiction, 2021
  • The Seven Last Words, film d’essai, 2019
  • Emptying the Tank, court-métrage documentaire, 2018
  • Creatura Dada, court-métrage fiction, 2016
  • Tshiuetin, court-métrage documentaire, 2016
  • Mobilize, exposition, 2015
  • Roberta, court-métrage fiction, 2014
  • The Black Case, court-métrage fiction, 2014
  • Gephyrophobia, court-métrage documentaire, 2012
  • Ikwé, court-métrage expérimental, 2009

❝ Dans la culture Anishinnabe, il existe 6 saisons. Il y a le pré-hiver, Oshkibiboon, saison où les glaces se figent et le pré-printemps, Ziigwan, saison de la rupture des glaces.
Ce sont deux saisons très importantes car elles sont généralement associées aux mouvements physiques et personnels.
C’est des périodes de transitions importantes.

Ziigwan.
Ce moment où tout fond, mais que l’hiver n’a pas dit son dernier mot.
Quand la neige retient sa saison et l’hiver insiste.
Que l’ours se réveille et que le printemps se mêle à l’hiver.

Minokamin (printemps)
Puis tranquillement, la glace desserre son emprise sur les eaux et elles peuvent couler librement.
La terre n’est plus cachée par la neige.
Le printemps se réveille à l’Est.
C’est la saison de l’enfance et de l’innocence.
C’est un moment pour socialiser et pour apprendre.
C’est le moment des fraises, qu’on appelle Odemin dans la langue de mes ancêtres, et pour nous Odemin, ça veut aussi dire le coeur.

L’arrivée du printemps est pour les Premières Nations le retour des rassemblements, des échanges sur la route des PowWow.
Et je ne peux m’empêcher de penser qu’on a souhaité éradiquer nos danses.

Je partage ici un extrait de la lettre écrite par le principal assimilationniste du Canada, Duncan Campbell Scott, du ministère des Affaires indiennes à Ottawa en 1921, interdisant les danses des peuples autochtones.

It is observed with alarm that the holding of dances by the Indians on their reserves is on the increase, and that these practices tend to disorganize the efforts which the Department is putting forth to make them self-supporting, I have, therefore, to direct you to use your utmost endeavours to dissuade the Indians from excessive indulgence in the practice of dancing. You should suppress any dances which cause waste of time, interfere with the occupations of the Indians, unsettle them for serious work, injure their health or encourage them in sloth and idleness. You should also dissuade, and, if possible, prevent them from leaving their reserves for the purpose of attending fairs, exhibitions, etc., when their absence would result in their own farming and other interests being neglected. It is realized that reasonable amusement and recreation should be enjoyed by Indians, but they should not be allowed to dissipate their energies and abandon themselves to demoralizing amusements. By the use of tact and firmness you can obtain control and keep it, and this obstacle to continued progress will then disappear.

Yours very truly,
Duncan Campbell Scott

La nature est notre plus beau modèle de résilience.
Chaque année, elle resurgit.

Je vous offre cette courte vidéo qui nous rappelle que danser est un acte de résilience, porteur de responsabilité, de connaissance et de guérison. ❞

Migwetc,
Caroline Monnet

#MAINARTIST

Notre organisme est un centre d’artistes engagé à soutenir sa communauté dans son ensemble, sans aucune distinction.

Au-delà des simples déclarations de solidarité contre le racisme suite aux événements de l’été 2020, mais également contre les actes racistes plus récents et ceux qui perdurent historiquement, il nous est apparu comme essentiel d’offrir une place à nos membres afin qu’ils·elles expriment leurs ressentis face aux discriminations qu’ils.elles vivent et qui pourraient être fondées sur la couleur de peau, les origines, l’orientation sexuelle, leur genre ou un handicap.

Nous les invitons donc à partager leurs réflexions face à ce drame sociétal que constitue toutes formes de rejet de l’autre.

Notre 26ème artiste à contribuer est Caroline Monnet.

#MainArtist #ArtisteImportant

Car ce sont les artistes qui portent à la fois le rôle de représenter la société et de la faire évoluer.