Samir Essa

Le #MainArtist de mars, Samir Essa, partage son parcours, son histoire et sa chronologie, nous invitant à traverser son point de vue et son monde, nous rappelant le travail que cela demande, l’isolement et le collectif. En plus de sa contribution au forum #MainArtist, Samir, finissant de notre programme PRISME, se joint à l’équipe de Main Film dans le cadre du programme DémART du Conseil des Arts de Montréal, au cours duquel il développera son prochain court métrage !


Samir Essa est un cinéaste égyptien établi à Montréal. Son court métrage Red Velvet a été présenté dans des festivals internationaux, dont le Festival international du film du Caire et le Festival des films du monde de Montréal. Il a récemment terminé L’Okapi et développe de nouveaux projets, dont Once upon a time in Plamondon, A Simple Will et son premier long métrage.

Filmographie

  • L’Okapi, court métrage (2025)

Dans la nature sauvage du Québec, Lily et son partenaire réfugié Patrice se retirent pour son anniversaire, mais alors que les doutes se glissent et que les dynamiques de pouvoir changent, leur amour s’effiloche en une lutte tendue que ni l’un ni l’autre n’a vu venir.

  • Red Velvet, court métrage (2017)

Lorsque Nancy est victime d’un arrêt cardiaque soudain au matin, sa seule chance de survie repose entre les mains de son fils de cinq ans, Asser, qui est inconscient.

  • Emmanuel, court métrage (2016)

Après avoir déménagé en Égypte, Emmanuel se sent perdu – jusqu’à ce qu’il découvre la danse. Nous le suivons alors qu’il s’abandonne à sa vocation et la transmet à d’autres.


Mars 2020 – Arrivée au Canada : Isolement et incertitude

J’atterris à l’aéroport Pearson. Un agent des douanes tamponne ma résidence permanente et m’avertit de rester à l’intérieur pendant deux semaines. La COVID-19 a arrêté le monde. Au lieu de me lancer dans un nouveau départ, je suis confiné dans une pièce, le regard fixé sur un pays que je ne peux pas encore explorer. Pire encore, je ne peux pas me rendre à Montréal, la ville que j’avais choisi d’appeler mon chez-moi, en raison des restrictions imposées par les frontières provinciales.

Les jours se brouillent et l’industrie me semble lointaine, elle appartient à d’autres personnes. Mais au lieu d’attendre, je me prépare. J’apprends le français, sachant que si je veux percer dans le monde du cinéma québécois, la langue sera ma première bataille. Je ne sais pas exactement comment ce voyage va se dérouler, mais je me répète : Continuez à aller de l’avant.

Juillet 2021 – Enfin à Montréal

Après un an d’attente, je pose le pied à Montréal. J’ai le sentiment que c’est le vrai début. Je m’inscris à des cours de francisation. La ville respire le cinéma – affiches de festivals, projections indépendantes, rencontres de cinéastes – mais je me sens toujours comme un étranger qui regarde à l’intérieur.

Avril 2022 – RVQC : Un signe

J’assiste aux Rendez-vous Québec Cinéma, mon premier événement de l’industrie. J’assiste à une table ronde avec Sylvain Corbeil (Metafilms) et je reconnais d’Égypte le logo de son entreprise – je l’avais vu sur les films de Xavier Dolan. Maintenant, je suis dans la même pièce que son fondateur. Je comprends 65% de la conversation, ce n’est pas parfait, mais c’est suffisant. Au moment de partir, quelque chose change. Peut-être que ma place est ici, après tout.

Décembre 2022 – Premier atelier à Main Film

Je m’inscris à mon premier atelier de réalisation à Main Film, dirigé par Maria Gracia Turgeon. C’est mon premier véritable engagement dans l’industrie cinématographique québécoise en tant que créateur, et pas seulement en tant qu’observateur. Je prends des notes de façon obsessionnelle, absorbant la façon dont les choses fonctionnent ici – les subventions, le processus, les collaborations. Mon niveau de français est de 75 %, mais j’hésite encore avant de parler, de peur de me tromper. Puis je me rappelle à moi-même : Le cinéma n’est pas une question de perfection, c’est une question d’exécution.

Mars 2023 – Sélection en maillage : La première vraie étape

Je pose ma candidature au programme de maillage du Festival Courts d’un soir, qui met en relation des cinéastes émergents avec des mentors de l’industrie. Je suis sélectionné. C’est mon premier pas officiel dans l’industrie cinématographique québécoise. Pas encore de producteur, pas de financement, mais pour la première fois, j’ai quelque chose de concret : une reconnaissance que mon projet vaut la peine d’être soutenu. Je continue.

Septembre 2023 – Fantasia et le premier jumelage de producteurs

Pendant des mois, je navigue seul dans l’industrie, ne sachant pas comment trouver des collaborateurs. Puis, au Festival de films Fantasia, je suis enfin jumelée à un producteur. Soudainement, mon projet n’est plus une simple idée, il a de la suite dans les idées. Je repense à mars 2020, coincée dans une salle sans savoir où aller.

Octobre 2023 – PRISME et Premier Prix

Je pose ma candidature à PRISME, un incubateur compétitif pour les cinéastes émergents. Être accepté me semble être un nouveau pas en avant. Mais le véritable test consiste à présenter mon film à un jury. Je me prépare sans relâche. Je peaufine ma présentation. Le jour venu, je donne tout ce que j’ai. Je remporte le premier prix. Pour la première fois, je n’ai pas seulement le sentiment de participer à l’industrie, j’ai l’impression d’être reconnu par celle-ci.

Août 2024 – Premier rejet de la SODEC : Un revers, mais pas la fin

Je soumets mon projet au financement de la SODEC. Il leur plaît, mais ils ont besoin de preuves de travaux antérieurs. C’est un revers, mais ce n’est pas une surprise – les institutions de financement favorisent ceux qui ont des antécédents. Je prends ce refus comme une motivation. Ils veulent des travaux antérieurs ? J’y travaille.

Septembre 2024 – Tournage de L’Okapi

C’est parti. Mon premier court métrage en tant que réalisateur. Je suis sur le plateau et, pour la première fois, tout ce que j’ai construit aboutit à ce moment. Les années passées à apprendre le métier, à participer à des ateliers, à naviguer entre les doutes, à affiner mon pitch, tout se résume à dire « Action ». Je ne me demande plus si j’ai ma place. C’est ce que je fais.

Mars 2025 – Artiste en résidence à Main Film : Préparer le prochain chapitre

Désormais, je suis artiste en résidence à Main Film, préparant mon prochain court métrage et mon premier long métrage.

Le parcours continue.

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Samir Essa

#MAINARTIST

Notre organisme est un centre d’artistes engagé à soutenir sa communauté dans son ensemble, sans aucune distinction.

Au-delà des simples déclarations de solidarité contre le racisme suite aux événements de l’été 2020, mais également contre les actes racistes plus récents et ceux qui perdurent historiquement, il nous est apparu comme essentiel d’offrir une place à nos membres afin qu’ils·elles expriment leurs ressentis face aux discriminations qu’ils.elles vivent et qui pourraient être fondées sur la couleur de peau, les origines, l’orientation sexuelle, leur genre ou un handicap.

Nous les invitons donc à partager leurs réflexions face à ce drame sociétal que constitue toutes formes de rejet de l’autre.

Notre 31ème artiste à contribuer est Samir Essa.

#MainArtist #ArtisteImportant

Car ce sont les artistes qui portent à la fois le rôle de représenter la société et de la faire évoluer.