Razan AlSalah

Afin d’affirmer sa solidarité au peuple palestinien, Main Film offrira sa tribune #MainArtist à tout·e cinéaste souhaitant exprimer sa douleur.

Main Film, en tant que centres d’artistes a souhaité offrir un espace de paroles à tous·tes ses membres qui se sentent isolé·e·s, incompris·e·s, censuré·e·s, menacé·e·s, opprimé·e·s, discriminé·e·s, déshumanisé·e·s et qui peuvent donc être touché·e·s directement ou indirectement par le drame inhumain qui se déroule actuellement.
Il sera donc offert à tout·e·s ces cinéastes qui souhaitent user de leurs voix, et leur offrir ainsi un lieu d’expression accueillant, sécuritaire et bienveillant.

Rien ne pourra jamais justifier les tueries aveugles et la souffrance indicible de civils, en particulier d’enfants.
Rien ne saurait justifier la barbarie, la privation de toute dignité.

Le feu doit cesser.


Razan AlSalah est une artiste et enseignante palestinienne basée à Tio’tia:ke/Montréal.


Filmographie :
  • Canada Park, 2020
  • Your father was born 100 years old, and so was the Nakba, 2017

❝ Dans un essai intitulé “The Iron Wall: We and the Arabs” publié en 1923, l’un des pères du sionisme et criminel de guerre, Vladimir Jabotinsky, formule l’un des cadres fondamentaux qui structurent la colonisation européenne de la Palestine.
« La colonisation sioniste, même la plus restreinte, doit soit prendre fin, soit être menée au mépris de la volonté de la population autochtone. Cette colonisation ne peut donc se poursuivre et se développer que sous la protection d’une force indépendante de la population locale – un mur de fer que la population autochtone ne peut franchir. Telle est… notre politique à l’égard des Arabes. La formuler autrement ne serait qu’hypocrisie.
Jabotinsky est ensuite devenu le fondateur et le commandant du groupe terroriste sioniste Irgoun qui a commis le tristement célèbre massacre de Deir Yassin parmi de nombreux autres massacres qui ont conduit à la fondation de l’Israël moderne, de ses forces d’occupation israéliennes et du parti au pouvoir en Israël aujourd’hui : le Likoud.
Cent ans après la publication de l’essai de Jabotinksy, le 7 octobre 2023, la résistance palestinienne a franchi de manière tactique et créative l’un des murs de fer les plus technologiquement sophistiqués au monde, qui l’a maintenue en état de siège et sous blocus économique pendant 17 ans : elle a franchi le mur de fer à la fois en tant que structure matérielle et en tant qu’imaginaire matériel.
Dans “The Dis/Appeared: 25 Notes on Colonial Regimes of Perception”, Ian Allan Paul affirme que les murs d’apartheid israéliens qui séparent la population palestinienne indigène de la population israélienne colonisatrice forment « des régimes de perception qui confinent les colonisés aux seuils liminaires de la vue, ne permettant jamais aux Palestiniens d’apparaître ou de disparaître entièrement, mais les rendant au contraire perpétuellement dis/appeared ».
Si les murs peuvent fonctionner comme des images,
Les images peuvent-elles devenir des murs ?
Dans ce film, j’imagine le retour de ma grand-mère dans sa ville natale, Haïfa, à travers Google Streetview, comme un moyen de franchir le mur frontalier colonial qui empêche les réfugiés palestiniens du monde entier d’exercer leur droit au retour.
La réplique photographique géolocalisée de Haïfa semble ouverte à tous dans les biens communs numériques, avec une promesse d’immersion à 360 degrés et de réalisme photographique du paysage.
Mais tout comme Safiya et Said dans « Return to Haifa » de Ghassan Kanafani, le retour numérique de ma grand-mère a été rompu par cette étrange capacité à voir sans avoir les pieds sur terre. Un fantôme dans sa propre ville natale, sa rue, son quartier et toutes ses relations.
Streetview ne se contente pas de remédier à l’effacement des récits, des corps et des lieux indigènes dans le paysage urbain, en tant que réplique visuelle virtuelle de la ville désormais occupée, mais son esthétique matérielle rend structurellement ce lieu, et la manière dont il est consommé, comme un espace colonial : Streetview est un monde d’images produit par une Google Car de haute technologie parcourant les villes du Nord global, surveillant * chaque * géolocalisation * en la capturant comme une façade à 360° : tout englobant, mais inaccessible aux corps : les images deviennent des murs.
L’utilisateur est à la fois immergé et éloigné, comme un dieu. Mais Teta n’est pas un utilisateur.
(Certaines parties de ce texte sont extraites d’un chapitre du livre à paraître « We Are Not Users : aesthetics of land reclamation in virtual space (Part One) » de Razan AlSalah).
Razan AlSalah ❞

#MAINARTIST

Notre organisme est un centre d’artistes engagé à soutenir sa communauté dans son ensemble, sans aucune distinction.

Au-delà des simples déclarations de solidarité contre le racisme suite aux événements de l’été 2020, mais également contre les actes racistes plus récents et ceux qui perdurent historiquement, il nous est apparu comme essentiel d’offrir une place à nos membres afin qu’ils·elles expriment leurs ressentis face aux discriminations qu’ils.elles vivent et qui pourraient être fondées sur la couleur de peau, les origines, l’orientation sexuelle, leur genre ou un handicap.

Nous les invitons donc à partager leurs réflexions face à ce drame sociétal que constitue toutes formes de rejet de l’autre.

Notre 21ème artiste à contribuer est Razan AlSalah.

#MainArtist #ArtisteImportant

Car ce sont les artistes qui portent à la fois le rôle de représenter la société et de la faire évoluer.