Feven Ghebremariam

Arrivée à Montréal à l’âge de 7 ans dans les années 80, en tant que immigrante, elle avait déjà une dualité d’identité de par son expérience en Arabie Saoudite et ses origines érythréennes. Feven n’avait aucune référence, autre que sa propre communauté, à laquelle elle pouvait s’identifier. Son intérêt pour les arts et les médias l’a amenée à poursuivre des études en communication à l’Université de Windsor, où elle a d’abord été initié à la réalisation de documentaires et à sa passion pour raconter des histoires peu connues. En 2012, elle réalise Coming Home to Boon, un portrait documentaire en Super 8 mm projeté au Festival du Nouveau Cinéma en 2013. Le film met en scène le rituel du café d’une femme érythréenne alors qu’elle essaye de faire face à son sentiment de déplacement. Cette même année, Feven s’inscrit à un programme intensif de réalisation de films documentaires de six mois à l’Institut National de l’Image et du Son. Cela l’amena à réaliser et co-réaliser plusieurs courts métrages, dont Camfranglais, un documentaire afro-futuriste primé qui faisait partie de la série Next 150 de Cinema Politica. Actuellement, Feven développe son premier long métrage documentaire, Diaspora Dreams.

  • Coming home to boon, documentaire court, 2012 (Festival Nouveau Cinéma).
  • De l’autre côté de sa voie, documentaire court, 2013 (RVCQ).
  • Jeune ailleurs, vieilles ici, documentaire court, 2015.
  • Camfranglais, documentaire court, 2018 (Meilleur court – Le Festival du Film Afro-Prairie 2019, Meilleur réalisateur Gala Dynastie 2019, Prix du public à Cinema Politica, 2020)

 


#MAINARTIST

Notre organisme est un centre d’artistes engagé à soutenir sa communauté dans son ensemble, sans aucune distinction, dans la création cinématographique indépendante.

Notre force ce sont nos membres. Ils constituent notre essence même.

Suite aux événements récents, il nous est apparu comme essentiel de leur offrir une place afin qu’ils expriment leur ressenti face aux discriminations qu’ils vivent de par leur couleur de peau, leurs origines, leur orientations sexuelle, leur genre, et partagent leurs réflexions face à ce drame sociétal que constitue toutes formes de rejet de l’autre.

Chaque mois, Main Film donnera la parole à ses membres pour qu’ils vous partagent leurs réflexions sur les discriminations auxquelles ils font face. 

Notre neuvième artiste à contribuer est Feven Ghebremariam.

#MainArtist #ArtisteImportant

Car ce sont les artistes qui portent à la fois le rôle de représenter la société et de la faire évoluer.


❝ Arrivée à Montréal à l’âge de 7 ans dans les années 80, en tant que immigrante d’origine saoudienne et érythréenne, je n’avais aucune référence, autre que ma propre communauté, à laquelle je pouvais m’identifier.
En grandissant, je me suis retrouvée à justifier, et parfois même à débattre avec des gens, de la validité de mon identité. Car à leurs yeux, je devais entrer dans leur idée préconçue de ce qu’était être noire. Sinon, cela devenait trop compliqué, ou aurait conduit à des comparaisons, ou micro-agressions enracinées dans la vision coloniale de ce qu’est et devait être « être noire ».
Il y a plusieurs années, j’ai reçu des commentaires suite à un refus d’une demande de subvention que j’ai trouvé dérangeants. Les commentaires insinuaient qu’un public québécois ne serait pas intéressé par une histoire sur l’impact de la musique militante érythréenne lors de la libération de son peuple. Bien que je sois réceptive aux critiques constructives, de tels commentaires sont particulièrement dangereux car ils suggèrent qu’il n’y a qu’un seul type d’audience québécoise et que celle-ci est homogène. Ce type de réflexion alimente les barrières systémiques qui empêchent une bonne représentation dans le paysage cinématographique et télévisuel québécois.
Après avoir vu les images du meurtre de George Floyd et assisté à la première manifestation à Montréal, je n’ai rien vu d’homogène dans la foule sauf l’appel à la justice et la fin du racisme systémique.
Bien qu’il y ait un nouveau réveil après les événements désastreux de cette année et une ouverture des institutions, des réformes sont nécessaires pour faire une réelle place à la pluralité des voix et des expériences qui existent partout au Québec.
Aujourd’hui, je suis reconnaissante de voir l’émergence de créateurs noirs prêts à briser le moule et à vivre leur vérité à travers leurs projets. Je suis inspirée pour continuer à développer mon propre langage visuel et pour favoriser ma perspective unique. Je m’efforce de construire des ponts à travers mes films pour tous les publics.
Feven