Victoria Catherine Chan

Née à Tiohtià:ke (Montréal), territoire non-cédé Kanien’keha:ka (Mohawk), et enfant de la diaspora, Victoria Catherine Chan (elle/iel) est une cinéaste et artiste qui s’intéresse aux sensibilités somatiques, aux espaces liminaux et à la politique du corps entre imaginaires et sensorialités. Sous un prisme transdisciplinaire, sa pratique conjugue le cinéma, l’installation, la performance et l’art sonore à travers des récits intersectionnels et intergénérationnels. Son travail a été présenté dans des festivals, galeries, cinémas et plateformes en ligne. Ses œuvres ont reçu le soutien du CALQ, de la SODEC et du MAI.

Victoria est diplômée en réalisation de l’École de cinéma documentaire ZeLIG en Italie et détient une maîtrise en beaux-arts en intermedia de l’Université Concordia. Iel a également complété une résidence Fellowship au Centre de l’art documentaire UnionDocs à New York. En tant qu’une personne engagée dans leur communauté artistique, iel a fondé en 2018 Peripheral Hours – un espace d’art D.I.Y. dédié à soutenir des artistes, cinéastes et commissaires queer racisé·e·s. Elle travaille actuellement sur son premier long-métrage qui raconte l’histoire de son clan de famille dans la plus ancienne maison clanique ancestrale au cœur du Chinatown de Montréal en voie de disparition.

  • Geschlossener Hof, court métrage documentaire, 2011.
  • Plan B, court métrage documentaire, 2012.
  • Il destino di una fabbrica, moyen métrage documentaire, 2014.
  • 9:36 pm, court métrage documentaire, 2017.

#MAINARTIST

Notre organisme est un centre d’artistes engagé à soutenir sa communauté dans son ensemble, sans aucune distinction, dans la création cinématographique indépendante.

Notre force ce sont nos membres. Ils constituent notre essence même.

Au-delà des simples déclarations de solidarité contre le racisme suite aux événements de l’été 2020, mais également contre les actes racistes plus récents et ceux qui perdurent historiquement, il nous est apparu comme essentiel de leur offrir une place afin qu’ils expriment leur ressenti face aux discriminations qu’ils vivent de par leur couleur de peau, leurs origines, leur orientations sexuelle, leur genre, et partagent leurs réflexions face à ce drame sociétal que constitue toutes formes de rejet de l’autre.

Chaque mois, Main Film donnera la parole à ses membres pour qu’ils vous partagent leurs réflexions sur les discriminations auxquelles ils font face. 

Notre dixième artiste à contribuer est Victoria Catherine Chan.

#MainArtist #ArtisteImportant

Car ce sont les artistes qui portent à la fois le rôle de représenter la société et de la faire évoluer.


❝ Ma pratique artistique découle du parcours de mes ancêtres et des générations de femmes de ma famille qui se battaient pour survivre, prendre soin de leur famille et faire face au patriarcat, à la misogynie, à la sinophobie, à la discrimination et à toutes les formes de haine envers la diaspora chinoise en Amérique du Nord, aussi connu sous le nom de l’Île de la Tortue pour plusieurs communautés autochtones. C’est avec une candeur radicale que j’examine et discerne de manière critique une gamme d’émotions genrées et racialisées qui ont été jusqu’ici rejetées. À travers une combinaison d’histoires personnelles et de critique culturelle, je dissèque mes expériences en tant que résidente d’origine asiatique non invitée sur la terre traditionnelle de la Confédération Haudenosaunee (Iroquoise) afin de créer une méditation complexe sur la conscience raciale dans notre société.
À l’heure où la haine envers la communauté asiatique ne cesse de grandir, j’ai le devoir de dénoncer cette violence par diverses expressions artistiques afin de créer des œuvres libératrices et émancipatrices. Je suis particulièrement émue par la solidarité du mouvement féministe et queer intersectionnel asiatique qui milite pour faire entendre la voix des femmes et des personnes non-binaires asiatiques.
Nous devons avant tout dire la vérité que ce continent a été bâti sur des terres volées et par des corps volés. Nous devons reconnaître que l’Amérique a été fondée sur le génocide de masse des peuples autochtones et l’esclavagisme des africains. C’est ma responsabilité de contribuer à une relation juste et réparatrice avec ce lieu et avec les Onkwehón:we (les peuples autochtones) et tous ceux et celles opprimé·e·s par la suprématie blanche, le capitalisme et le patriarcat.
Aujourd’hui plus que jamais, il est primordial de créer un «espace de solidarité» pour les communautés racisées – ce qui, je pense, a rarement été offert au Québec. Tout comme moi, la plupart des artistes racisé·e·s se voient sous-représenté·e·s, micro-agressé·e·s et/ou tokenisé·e·s dans le monde des arts et du cinéma québécois. J’aspire à poursuivre la quête d’une libération qui n’a pas l’air blanc; un nouveau son, un nouvel affect, une nouvelle conscience – un résultat que j’attends depuis longtemps. C’est une intervention nécessaire dans un monde en plein essor de créativité, mais freiné par un manque de langage et de capacité à affronter les nuances. Ainsi, je fais un pas pour remédier à cette lacune.
Victoria Catherine
www.vimeo.com/wiktoriachan
@victoria.catherine.chan
@peripheral.hours